LE TEMPS.

dimanche 28 mars 2021

Nous sommes dans une société où il faut absolument tout faire, et ce, le plus rapidement possible. Marcher et parler le plus tôt possible pour rendre fière, finir le plus rapidement ses études, trouver vite un chéri, faire des enfants dans les années qui suivent, gagner le plus d'argent en un minimum de temps. Je avouerai que ça me dépasse. Prendre le temps parait alors irréel et pourtant j'ai ai besoin, j'en ai toujours eu besoin, et cela est plus vrai et plus nécessaire que jamais aujourd'hui!

Pour ma part, j'ai pris le temps. Le temps de savoir ce qui été fait pour moi, ce dont j'étais capable, j'ai également pris le temps de me trouver, de savoir qui j'étais et si je m'aimais. J'ai pris le temps de me construire, voire de me reconstruire à certains moments de ma vie. J'ai fini mes études tard, j'ai trouvé mon chéri tard et à bientôt 30 ans, je n'ai pas d'enfant. Non pas parce que je n'en veux pas, juste parce que je veux prendre le temps. Le temps de vivre à deux, le temps d'être encore une enfant, le temps de me sentir prête, moi l'angoissée de la vie. Pourtant, certains pourraient voir mon parcours comme un échec ou une perte de temps. Mais il s'agit de ma vie, et si tout le monde n'est pas fier de moi, je m'en remettrai, moi je suis fière de ce qu'est ma vie, et je pense que c'est le principal.

Si je vous parle de temps et de prendre le temps, c'est qu'il y a peu j'ai perdu un être très cher, ma mamie chérie, et j'ai été assez choqué de voir que la aussi, il fallait montrer qu'on est fort et qu'on s'en est remis rapidement, qu'on continue tous de notre côté notre petite vie, comme si de rien n'était, comme si tout était normal. Les réflexions du genre: "la vie continue" ou "il faut aller de l'avant". Mais pourquoi? Le deuil n'est pas une course mais un processus de reconstruction, de vie, de soi. Cela ne fait que quelques semaines à peine et tout le monde attend de moi que je sois la même et que je reprenne ma vie comme elle était avant que j'apprenne son départ. Loin de nous, loin de moi. Pourtant, je ne m'en sens pas du tout capable aujourd'hui, je me réveille encore tous les matins en pleurant de douleur, en réalisant que ce n'était pas un cauchemar, et que je ne pourrai plus jamais la serrer fort dans mes bras.

Ma mamie est partie à l'âge de 76 ans, on s'est relayés à son chevet, toujours avec plein d'amour et de douceur, jamais de peur ou de tristesse, pour la convaincre que tout aller bien se passer ou pour se convaincre soi, pour continuer, pour ne pas s'effondrer. Elle a été une femme et une mamie parfaite à mes yeux pendant presque 30 ans de ma vie, et on me demande de continuer à me lever avec le sourire, de travailler comme si je le pouvais, comme si c'était facile. Je trouve ça grotesque ! Je n'ai pas perdu ma mamie avec des cheveux blancs, elle n'avait pas 90 ans, elle ne prendra jamais mes enfants dans ses bras, elle ne sera plus jamais là à mon arrivée dans leur maison, et je dois continuer à vivre normalement? Après, bien sûr que je dois continuer à vivre, je suis entourée d'amour au quotidien par mon amoureux, ma famille, mes proches, mais merde j'ai le droit de moins manger, de pleurer toute la journée, de mettre des photos d'elle partout et de crier à quel point elle me manque. Et si j'ai besoin de temps pour l'accepter alors qu'on me lâche!

Mon papi a vécu 56 ans avec l'amour de sa vie, je me demande qui aurait le culot de lui dire d'avancer. Mais comment? Oui, comment? Elle était tout, elle était son soleil et sa lune, son univers tout entier. Il a le droit de crier, de pleurer, de ne plus parler, de moins manger, même si ça nous détruit de le voir comme ça. Une telle épreuve n'est pas une course, c'est une période de vie ignoble, et chacun le gère à sa façon. Point. Ça s'arrête la. Des personnes se remettent plus vite que d'autres et ce quelque soit l'épreuve, ça ne veut pas dire qu'elle est plus forte, on est juste tous différents et heureusement. Elle est mon plus grand chagrin et l'une de mes plus belles histoires d'amour alors je vais prendre le temps. Le temps de m'en remettre, d'apprendre à vivre sans elle, et ça va prendre le temps que ça doit prendre. Par contre, je ne compte pas me dépêcher à faire sortir cette douleur incessante. Parce que si j'ai si mal, c'est parce qu'elle était cette personne fantastique. Qui pleure les cons? Personne! Alors cet immense chagrin est à la hauteur de l'amour que j'ai pour elle, et ce n'est pas demain que je vais m'arrêter de pleurer pour cette si belle personne. Oh non, n'en déplaise à certains. Cependant, je veux pas non plus devenir cette fille qui n'a plus le goût à rien, alors que je n'ai jamais été aussi heureuse depuis presque deux ans. Bientôt, deux ans que j'ai rencontré  l'amour de ma vie, le seul qui, même aujourd'hui, arrive quelques fois à me faire rire aux éclats. Il est mon soleil et ma lune, et je donnerai ma vie pour lui, je ne veux pas qu'il vive avec un fantôme, lui aussi a eu son lot d'épreuves. J'essaye de trouver un équilibre entre mon deuil et notre vie de couple, et ce n'est vraiment pas quelque chose d'inée, de facile, mais j'essaye. Pour lui, pour nous.

Tout ça pour vous dire PUTAIN PRENEZ LE TEMPS DE VIVRE! De vivre chaque instant, apprenez à connaitre votre partenaire si vous en avez un, ne vous faites pas avoir par la pression sociale des cases "couple" "bébé" "maison" "gros salaire", je vous assure que ce n'est pas la recette du bonheur, du moins pas pour tout le monde. Vivez pour vous, pour vos proches, mais prenez vos propres décisions sans avoir peur du temps qui passe. 

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