L'AVORTEMENT

vendredi 16 avril 2021

Cela m'a fait tellement du bien de parler du départ de ma mamie chérie, que j'ai décidé d'écrire ici, un peu comme un journal intime, qui peut être aidera une personne ou plusieurs, qui sait. Le féminisme a une place importante dans ma vie mais pas que, heureusement. Et parfois je deviens folle quand les gens l'emploi sans en connaître le véritable sens. Quand j'ai entendu le discours d'une jeune femme faisant partie de "marche pour la vie" qui lutte contre l'avortement dire haut et fort qu'elle est féministe, ça m'a hérissé les poils. Simone Veil a du se retourner dans sa tombe.. En1975, cette grande dame a permis aux femmes d'avoir le choix mais surtout le pouvoir sur le corps. Ma maman m'a toujours répété c'est ton corps tu en fais ce que tu en veux, ton corps, tes choix. C'est bien plus tard que j'en ai compris le véritable sens.

Comment peut-on obliger une femme, ou parfois même une fille, d'avoir un enfant qu'elle ne veut pas, et ses raisons la regarde, pas besoin de parler de viol pour que ce soit plus acceptable, pas du tout. Parce qu'on a fait une bêtise on doit l'assumer coûte que coûte. On parle ici d'un enfant. Il devrait exister un droit pour en avoir tout comme les animaux ça éviterai pas mal de dommages, de vies gâchées, détruites. Un enfant doit être désiré, aimé, bien élevé, entouré pour grandir dans ce monde de fou.

Il y a deux ans j'ai appris que j'étais enceinte. Moi qui en ai rêvé depuis toute petite, mais ce moment n'était pas le bon. Cela ne faisait que quelques mois que j'étais avec mon amoureux, j'étais encore à la fac, à mon chéri vivait une période très pénible avec l'annonce d'une maladie incurable déclaré à son papa. Pourquoi tout précipiter alors qu'on a le choix. Le choix de découvrir son partenaire, le choix d'aimer la vie à deux, d'en profiter, parce que, quoi qu'on en dise, un enfant, même si c'est une vague d'amour intense, c'est des responsabilités pour lesquelles je n'étais pas prête, et c'est encore le cas aujourd'hui.

J'ai toujours dit "une bonne maman est une femme heureuse", et croyez-moi j'ai encore plein de démons à me débarrasser avant de pouvoir être cette super maman. Alors oui, nous avons décidé de dire au revoir à cet embryon qui serait né quelques jours après la disparition de mon beau père, qui aurait été élevé avec des difficultés financières, ce qui aurait pu amener à des disputes et des remises en questions sur mon couple alors qu'en vérité je sais que c'est lui.

Aujourd'hui je ne regrette pas mon choix, je sais qu'à bientôt 30 ans je ne me sens pas prête même si mon entourage en rêve. On ne vit pas pour les autres. Par contre, je serai hypocrite de dire que je ne l'ai pas regretté quelques secondes. Oui, quand j'ai su que ma mamie s'éteindrait cette année, je me suis dit qu'elle aurait connu mon enfant, qu'elle l'aurait tenu dans ses bras si réconfortant. Mais je le répète, on ne vit pas pour les autres, je n'allais pas faire un enfant pour combler mes proches, cela n'a aucun sens. En tous cas, pas pour moi!

Il faut arrêter de tout dramatiser, je l'ai très bien vécu malgré une opération qui a été douloureuse, mais je n'ai pas pleurer, pour la première fois de ma vie je savais que je prenais la bonne décision, quoi qu'en dise les gens. Elle aurait eu deux ans, et rien que cette idée me terrorise, car je ne suis encore qu'une enfant. On s'aime très fort avec mon chéri mais on se sent tellement bien ensemble, pourquoi vouloir tout bouleverser. Pourtant on en rêve, on a déjà le prénom si c'est un garçon, mais on aime tellement notre vie actuelle, alors tant qu'il n'y pas de vide immense sans ce bébé, tant qu'on ne sera pas devenu des adultes, nos vies resteront telles qu'elles sont, parce que je n'ai jamais été aussi heureuse depuis qu'il est dans ma vie. Parce que je ne suis pas une personne forte, et que je m'effondre facilement. Pour toutes ces raisons, je suis une enfant qui ne veut pas avoir un enfant dans ces conditions, et c'est mon droit le plus légitime! 

Je tenais aussi a écrire cet article, parce que même si c'est un droit aujourd'hui, cela n'est qu'un droit. Heureusement pour moi que ma décision été claire et nette, parce que je peux vous dire que pour une personne qui doute ou qui le fait ça à contre coeur, l'épreuve doit être pénible. En effet, c'est comme un rendez vous chez le dentiste, on doit prendre rendez-vous, des rendez-vous qui sont parfois loin dans le temps. J'ai eu très peur de dépasser le terme légal tellement le rendez-vous été loin. On vous prend également des rendez-vous avec une gynécologue. La aussi accrochez-vous, les discours conservateurs m'ont fait froid dans le dos... L'encadrement est inexistant, et même si ça reste notre décision et notre corps, on reste des êtres humains possédant des émotions, des sentiments.. Je ne me suis pas rensignée car je n'en ai jamais ressenti le besoin, mais j'espère qu'il existe des groupes de soutien pour surmonter ça. 

J'ai avorté et je ne suis pas pour autant une salope! L'avortement est un droit, mon droit et je l'assume.

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